Le vendredi 24 novembre 2025, nous avons eu le plaisir de recevoir Victor Louzon pour une rencontre-dédicace (à laquelle un grand nombre d’entre vous avez répondu présents !) autour de son livre Comment la Chine écrit son Histoire : l’invention d’un destin mondial paru en août 2025 aux éditions Tallandier, qui correspond en une version enrichie et en format poche de son précédent ouvrage intitulé Le grand récit chinois : l’invention d’un destin mondial   paru en 2023.

Maître de conférences à la Faculté des Lettres de Sorbonne Université, Victor Louzon est également chercheur au centre de recherche Sirice. Ses travaux portent sur l’histoire contemporaine de l’Asie orientale, avec une spécialisation sur la guerre, la militarisation du social et la violence politique dans le monde chinois.

À travers cet ouvrage, Victor Louzon exposait l’usage politique de l’histoire en Chine contemporaine par le PCC et les appareils gouvernementaux de la RPC, en particulier l’instrumentalisation de son histoire longue pour justifier le rôle que Pékin voulait aujourd’hui jouer sur la scène internationale.

En retraçant l’origine des différents récits mis en avant par la Chine, l’auteur révélait leurs caractéristiques principales. Globalement convergents, ces récits conservaient une certaine modularité en fonction des intérêts avancés et des publics visés tout en mettant en scène l’exceptionnalisme et le particularisme culturel chinois. Victor Louzon relevait notamment leur usage dans le champ de la communication extérieure, de la diplomatie et de la politique étrangère, mettant en avant, depuis la période de la République, une Chine attachée au pays, au pacifisme, et aux droits des peuple.

Présentant, par ailleurs, la Chine comme une puissance non missionnaire et moteur d’une mondialisation vertueuse, leur dimension antagoniste d’une Europe et des Etats-Unis coloniales et hégémoniques se faisait évidente, cherchant notamment à être attractive aux yeux des pays décolonisés. Ces récits étaient donc représentatifs de la réutilisation officielle et politique de concepts historiques (tels que Tianxia) pour avancer une politique étrangère et des relations extérieures aux caractéristiques chinoises en parallèle de l’émergence d’une école des relations internationales chinoises.

Finalement, cette rencontre était également l’occasion de comprendre que le développement de ces récits avouait une certaine tension entre les valeurs inhérentes à l’idéologie marxiste portée par le PCC et la réappropriation de concepts et héritages historiques des grands empires ayant précédés la RPC. Ce « grand récit chinois » pose alors la question de la (ré)conciliation des deux faces de cette médaille chinoise et celle de la capacité du PCC à tenir cette ligne.